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dimanche 6 février 2011

Sita sings the blues

Au moment où nous travaillons sur les films Bollywood au club cinéma, je ne résiste pas à l'envie de partager avec vous cette belle découverte. Peu de choses à voir avec les films Bollywood, car il s'agit d'un film d'animation. Et cependant, il serait intéressant d'étudier Sita sings the blues, son rapport à l'Inde et la multiplicité de ses références. Tout comme le cinéma Bollywood est imprégné de cinéma occidental, Sita sings the blues est un mélange réussi d'influences, un melting pot visuel et sonore.

Sita sings the blues est un film d'animation réalisé par Nina Paley en 2008, et récompensé au festival d'Annecy et à celui de Berlin.
Il raconte de manière très inventive le mythe hindouiste du Ramayana, qui devient ainsi une fable métissée de jazz, à laquelle s'ajoute une histoire d'amour autobiographique. Les technique d'animation sont très variées: dessin, papiers découpés, ordinateur 2D, utilisation d'images libres de droit...), les dessins eux-mêmes donnent une version polyforme de l'histoire. Quant à la musique, outre des fonds sonores indiens, on trouve onze superbes chansons d'Annette Hanshaw, chanteuse de jazz des années 1920. Celles-ci servent à merveille cette histoire d'amour douloureuse entre Rama, le héros de cette geste indienne, et son épouse Sita, figure de la femme idéale en Inde.
Le Ramayana est un des textes fondateurs de l'Hindouisme. Cette chanson de geste de 24000 vers écrite environ trois siècles avant JC raconte le « parcours de Rama » (sens du mot sanscrit « Rmayana »). Trois personnages en ombre chinoise nous rapporte justement dans le film le mythe du Ramayana: Rama est un jeune prince du royaume d'Ayodhya. Exilé par son père pour une querelle de succession, il quitte le royaume accompagné de sa femme, la belle Sita, et de son frère, Lakshmana (qui apparaît peu dans le film). Hélas, le démon Ravana s'empare de Sita et l'emporte dans son royaume de Lanka (actuel Srilanka). Rama, aidé du dieu-singe Hanuman, ira délivrer sa belle. Cependant, l'histoire est loin de se terminer là, puisque Sita devra encore subir nombre d'épreuves pour reconquérir la confiance de Rama, puis de son peuple.
Une histoire d'amour triste donc, et qui finit mal. Quelle meilleure musique que le jazz, ce sanglot de l'âme, pour l'accompagner ? Les chansons d'Annette Hanshaw donne une tonalité moderne à ce récit antique, tandis que les changements de dessins (personnages inspirés de l'esthétique indienne, ou bonshommes tout ronds) créent un effet kaléidoscopique. L'histoire d'amour autobiographique parallèle ajoute une nouvelle signification au mythe Hindouiste, tout en variant encore l'esthétique (dessins volontairement plus grossiers, le trait est visible).
Bref, l'histoire est belle, l'esthétique variée et inventive, le type de narration original (trois narrateurs qui se contredisent pour trouver la véritable histoire de Rama, un entracte de 2mn dans lequel les personnages de l'histoire vont au bar ou aux toilettes...). Tout est réunis pour passer un bon moment.
Autre bonne nouvelle, Nina Paley a déposé son film sous licence Creative Commons by Sa (attribution share alike), ce qui signifie qu'elle ne demande pas de droits d'auteurs et nous autorise à diffuser et télécharger librement son oeuvre, à condition de ne pas la transformer sans son autorisation.

Voici un extrait de sa déclaration, traduite en français sur framablog.org, qui vous aidera à mieux comprendre sadémarche:
« Nina Paley - 28 février 2009
(Traduction Framalang : Simon)
Cher public,
Par la présente, je te donne Sita Sings the Blues. En tant qu’élément culturel il t’appartient déjà, mais je rends la chose explicite avec une licence Creative Commons Attribution-Share Alike. Je t’invite à distribuer, copier, partager, archiver et montrer Sita Sings the Blues. Il provient de la culture partagée, et retourne à la culture partagée.
Tu n’as pas besoin de ma permission pour le copier, le partager, le publier, l’archiver, le montrer, le vendre, le diffuser ou le remixer. La sagesse conventionnelle m’intime de réclamer un paiement pour chaque utilisation de ce film, mais alors, comment feraient les gens sans argent pour le voir ? À quelle ampleur le film se disséminerait-il s’il était limité par des permissions et des droits d’auteur à payer ? Le contrôle offre une fausse impression de sécurité. La seule vraie sécurité que j’ai, est de croire en vous, de croire en la culture et de croire en la liberté.
Ceci étant dit, mes collègues et moi même allons mettre en œuvre la licence Share Alike. Tu n’es pas libre de réduire les libertés que je donne sur Sita Sings the Blues et ses dérivés, ni en y imposant un copyright, ni en y ajoutant des DRM.
Certaines chansons de Sita Sings the Blues ne sont pas libres, et ne le seront peut être jamais ; les lois régissant le droit d’auteur t’obligent à respecter leurs licences respectives. Ce n’est pas de mon fait ; pour plus d’informations sur ce sujet, tu peux lire notre page « restrictions ». »

Je vous invite donc à regarder et télécharger si vous le souhaitez, le formidable Sita sings the blues, de Nina Paley, sur son site.